28 juillet – pleine lune
La première fournée de pilules anticonceptionnelles de Misty, Peter l’a traficotée. Il les a remplacées par de petits bonbons à la cannelle. La fournée suivante, elle a juste eu droit à un coup de chasse dans les toilettes.
C’est toi qui les as virées et tu as tiré la chasse. Par accident, as-tu dit.
Après ça, les services de santé étudiants avaient refusé de renouveler son ordonnance pour un mois. On lui a posé un diaphragme mais une semaine plus tard, Misty a découvert un petit trou percé en son beau milieu. Elle l’a levé à la lumière de la fenêtre pour le montrer à Peter, et il a fait comme ça : « Ces choses-là ne sont pas éternelles. »
Misty a répondu qu’elle venait de l’avoir.
« Ça s’use », a-t-il expliqué.
Misty a rétorqué qu’il n’avait pas le pénis assez gros pour atteindre le col de l’utérus et percer un trou dans son diaphragme.
Ton pénis n’est pas aussi gros que ça.
Après ça, Misty s’est perpétuellement retrouvée à court de mousse spermicide. Ça lui coûtait une fortune. Chaque flacon, elle l’utilisait peut-être une fois et, ensuite, elle le retrouvait vide. Au bout de quelques flacons, un jour, Misty est sortie de la salle de bains et a demandé à Peter : qu’est-ce qu’il traficotait avec sa mousse ?
Peter regardait ses feuilletons espagnols à rallonge, dans lesquels toutes les femmes avaient des tailles tellement minces qu’on aurait pu les prendre pour des serpillières essorées à la main. Elles se trimballaient des seins géants suspendus à des bretelles spaghetti. Avec leurs yeux barbouillés de maquillage brillant, elles étaient censées être des médecins ou des avocates.
Peter a dit : « Tiens », et il a glissé les mains derrière sa tête. Il a dégagé quelque chose de sous le col de son T-shirt noir et le lui a tendu. C’était un collier miroitant de lumière en verroterie rose, des tours et des tours de rose glacé, tout en éclats et en scintillements roses. Et il a demandé : « Tu le veux ? »
Et Misty est restée là comme une statue, aussi stupide que les bimbos espagnoles de Peter. Tout ce qu’elle a été capable de faire s’est résumé à tendre les bras et à saisir les extrémités du collier dans ses mains. Dans le miroir de la salle de bains, il étincelait sur sa peau. Tout en le regardant dans le miroir, en le touchant de ses doigts, Misty entendait le jacassement espagnol en provenance de l’autre pièce.
Misty a hurlé : « Contente-toi de ne plus toucher à ma mousse, t’as compris ? »
Tout ce que Misty a entendu en retour était de l’espagnol.
Naturellement, ses règles à venir ne sont pas venues. Au bout de deux jours, Peter lui a apporté une boîte de tests de grossesse sous forme de bâtonnets. Ceux sur lesquels on fait pipi. Ils affichent alors si oui ou non on est en cloque. Les bâtonnets n’étaient pas sous emballage papier ni rien. Ils sentaient tous le pipi. Ils affichaient tous un « non », pour non enceinte.
C’est après ça que Misty a constaté que le fond de la boîte avait été ouvert puis refermé à l’adhésif. À Peter qui attendait debout derrière la porte de la salle de bains, Misty a demandé : « Tu viens de les acheter aujourd’hui ? » Peter a fait : « Quoi ? » Misty entendait de l’espagnol.
Quand ils baisaient, Peter gardait les yeux fermés, le souffle court, la poitrine haletante. Quand il jouissait, les paupières crispées, il criait : « Te amo ! »
À travers la porte de la salle de bains, Misty s’est écriée : « Est-ce que tu as fait pipi sur ces trucs ? »
Le bouton s’est mis à tourner, mais Misty avait mis le verrou. Puis, à travers la porte, la voix de Peter a retenti : « Tu n’as pas besoin de ces trucs. Tu n’es pas enceinte. »
Et Misty a demandé : alors où étaient passés les anglais qui lui rendaient visite tous les mois ?
« Ils sont ici », a répondu la voix de Peter. Puis des doigts sont apparus dans la fente sous la porte. Ils faisaient glisser un truc blanc et doux. « Tu as fait tomber cette chose par terre, a-t-il expliqué. Examine-la de près. » C’était sa culotte, tachée de sang frais.